« Pietro, Lucia et leur ami Nicola. Une histoire délicate sur les sentiments, racontée à travers les couleurs tantôt vives, tantôt effacée de Manuele Fior : le portrait d’une génération précaire jusque dans ses attachements. Suspendue entre le désir de fuir et la nostalgie de ses racines. » ~ Quatrième de couverture
auteur : Manuele FIOR (Italie)
publié chez : Atrabile
Nombreuses récompenses dont le Fauve d’or d’Angoulême pour le meilleur album en 2011
Première publication : en 2010
La narration confuse et pas très intéressante du premier chapitre découragera les moins motivés des lecteurs. Ceux assez loyaux pour continuer la lecture ne seront pas vraiment récompensés par la suite : on est baladé d’un personnage à un autre, d’un endroit à un autre et d’un moment de leur vie à un autre. La balade n’est pas franchement du genre vadrouille agréable et reposante, mais plutôt un de celle qui nous retransforme en gosse relou à penser « quand est-ce qu’on arrive ?! » toutes les deux secondes. Tout du moins, la promenade se lit assez rapidement et a le bon goût de ne pas se transformer en randonnée interminable. Les deux personnages principaux sont totalement insipides et on suit leurs vies et leur(s) relation(s) avec beaucoup d’indifférence.
Le dessin est assez étrange, sans être du tout original. Les traits sont de manière générale assez vifs et brutaux, mais l’utilisation de l’aquarelle adoucit en même temps le tout. Les couleurs sont très vives la plupart du temps, et pas franchement magnifiques. Je n’ai pas du tout accroché avec le dessin des personnages, indifférenciables les uns des autres et plutôt laids, mais les quelques paysages étaient plutôt réussis, et les ambiances pluvieuses très bien rendues.
Une autre chose pas mal : lors des voyages, presque tout est en langue original. Enfin c’est à dire que le norvégien est du norvégien, l’arabe est de l’arabe. Bon, pour les vrais conversations plus longues, par contre, les personnages parlent anglais et donc en toute logique ça a été traduit directement dans les bulles … Les passages en arabe incompréhensibles rendent plutôt bien l’effet voyage dépaysant où on a perdu tous ses repères, mais honnêtement … est-ce que le norvégien (qui pourtant, lui, est systématiquement sous-titré) se comprend mieux ?! Un peu de constance et de logique, par pitié !
En gros, pour moi cette BD a été une grosse déception, en partie parce que le thème des voyages, les raisons pour lesquelles on part et celles qui nous poussent à revenir, m’intéresse vraiment, et j’ai eu l’impression que c’était une toile de fond, pas plus. Juste avant l’épilogue, il y a quelques pages où les personnages, devenus adultes, approchent ces questions et en parlent plutôt bien. Mais même là tout est, à mon goût, pollué et gâché par « l’histoire » globale et les personnages qui ne m’ont pas plu.