Roman — White Teeth

En ce moment, je lis pas mal, c’est le moins qu’on puisse dire. C’est surtout lié au fait que le matin je dois pour me rendre au Lycée prendre le même bus que mes élèves, et comme je suis pas prête à les affronter si tôt je me cache derrière un livre. Et si à peine sortie du lit je me plonge dans un livre, il va me hanter pour toute la journée et j’y retournerai dès que j’aurais deux minutes …

Je sais pas du tout pourquoi il m'a attiré, d'habitude quand des couvertures mettent en avant le nombre de prix que le livre a eu, ça me rebute plutôt
Je sais pas du tout pourquoi il m’a attiré, d’habitude quand des couvertures mettent en avant le nombre de prix que le livre a eu, ça me rebute plutôt

 

White Teeth

Zadie Smith

 

 

 

 

 

 

  • Langue originale : anglais (UK)
  • Publication : 2000
  • Traduction : Sourires de loup par Claude Demanuelli (critiquée par certains, mais pas lue)
  • Niveau de lecteur : moyen
  • Thèmes : immigration, religions diverses, extrémismes, société britannique

Synopsis (selon Wikipedia)

Il raconte les vies de deux amis, l’Anglais Archie Jones et le Bangladais Samad Iqbal, qui ont fait connaissance pendant la Seconde Guerre mondiale et se retrouvent à Willesden, près de Londres en 1975. Le roman suit leurs mariages, leurs familles et leurs dilemmes sur trois décennies dans une Angleterre multiculturelle en pleine mutation.

 

Le style d’abord : il est très léger, très drôle. Mais hyper classique. Le genre de mix de légèreté et d’esprit qu’on retrouve dans trop de romans anglophones à vocation d’être divertissants, parfois sérieux et jamais snobs : humour situationnel, situations hyper variées et souvent comiques, final en mode « et à la fin absolument tous les personnages se retrouvent dans la même pièce et c’est le bordel », digressions à n’en plus finir juste pour le plaisir … Et ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, les digressions c’est cool, ça permet de mettre en relief des détails sur certains personnages ou des moments de leur passé, c’est souvent drôle … mais le problème c’est que si c’est trop fréquent, au bout d’un moment on fait du surplace et on a juste l’impression que l’auteure avait décidé depuis le début que son style comprendrait des digressions à foison et donc elle s’en donne à cœur joie. Super idée (je répète) quand elle veut donner de la profondeur à un perso, mais franchement ? Est-ce que la vie et l’œuvre du fondateur (il y a plus d’un siècle) du Lycée des gamins mérite une digression de 20 pages si elle n’est reliée à rien et n’apporte rien ?

Bref, le style a allégé ma non-emballation, mais sans m’emballer et en me faisant souvent soupirer devant tant de prévisibilité.

Les personnages, plutôt nombreux, sont assez caricaturaux mais crédibles, comme un oncle vaguement embarrassant de qui on rirait bien si on n’avait pas de lien de parenté avec lui. Certains sont plus développés que les autres et plus subtils surtout, et j’aime en particulier ceux qui tournent pas en rond et que l’auteur arrive bien à faire évoluer (surtout le personnage de Alsana Iqbal, la femme d’un émigré Bangladais et celui de Archibald Jones (qui lui tourne en rond, mais est quand même attachant)).

L’histoire ensuite. Ça c’est plus compliqué d’en parler, parce que ça part un peu dans tous les sens (digressions digressions …). Globalement on suit des immigrés (du Bangladesh, de la Jamaïque et aussi un anglais bien british mais qui ne sait pas trop qui il est quand même puis leurs enfants) sur deux générations et en alternant les points de vue des personnages au fil des chapitres. J’ai vraiment aimé ça, qu’on se focalise sur un à la fois pour le connaitre vraiment, passé, présent et espoirs compris et aussi qu’ils évoluent (pour certains). En plus à chaque changement de focalisation ça permet de faire oublier que le livre est trop long (et c’est rare que je dise ça) et qu’il avance pas assez.

L’accent est mis sur un thème qui me passionne assez, à savoir le fait d’être écarté entre deux cultures, deux temporalités, deux personnalités irréconciliables. Jusqu’à quel point faut-il (et surtout jusqu’à quel point peut-on) s’assimiler, s’intégrer à une autre culture ? Même s’ils ont envie de s’intégrer à leur pays d’accueil, ils se souviennent qu’ils ont été quelqu’un d’autre ailleurs, quelqu’un qui ne leur déplaisait pas et de qui pourtant ils se sont détachés jusqu’à devenir des sortes d’hybrides monstrueux de leur personne passée (dans leur pays d’origine) et de leur personne potentielle (Mister british britishman). L’envie d’être fidèle à la personne qu’on était, mais en même temps l’impression de ne jamais être à sa place, là où on devrait être, l’impression d’être entre deux cultures et entre deux mondes … Chaque personnage va vivre ces changements et va devoir s’adapter à son propre niveau et concilier ses propres contradictions, qui seront différentes pour la première génération d’immigré et pour leurs enfants. Très évidemment, vu l’originalité du livre, deux frères jumeaux vont devenir l’un islamiste radical et l’autre un athée scientifique en génétique. Amazing.

Je ne peux pas vous dire comment leur histoire se finie, non pas parce que je ne veux pas vous gâcher le final (sic) mais en fait parce que je n’en ai strictement aucune idée. À ce point-là, j’imagine que ce ne peut pas être du « putain je viens d’écrire 500 pages sans m’arrêter, chuis crevée, je m’en fous, je bâcle un peu et je vais au lit », et je suis prête à croire qu’il y a une idéologie parfaitement raisonnable derrière tout ça, mais elle n’est tellement pas explicitée que ça y ressemble tout de même drôlement. Si tout le reste du livre est assez prévisible (fond et forme), le final fait une queue de poisson assez traitresse. Et oui, dans ma non-cohérence je supporte mal les deux.

Pour les lecteurs en anglais pas trop expérimentés, si le livre vous motive assez, même avec un petit niveau moyen il est faisable, la langue est assez facile syntaxiquement et pas formelle du tout.

Bref, en gros même si quelques trucs m’ont bien plu (l’accent mis sur la psychologie, parfois subtile des personnages, le style léger et divertissant), j’ai quand même peiné à arriver au bout. En fait pour moi le plus gros point positif de cette lecture, c’est que ce livre m’a rappelé à quel point je ne supportais vraiment pas les romans fresque sociale, que ce soit actuel ou passé. Mais bon, objectivement, je pense qu’il est quand même pas si pire que ça.

 

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